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Impact, votre horizon Tribune de Pekka Personen, Copa-Cogeca (1) : « Renforcer la rentabilité du secteur agricole européen »

Face aux propositions de la Commission européenne concernant la future Politique agricole commune (Pac), le Copa-Cogeca appelle à mettre en place des mesures pour renforcer la rentabilité et la productivité des secteurs agricole et agroalimentaire de l’Union européenne. Ceci afin d’assurer, à une population croissante, la sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement. « Ce qu’il nous faut, c’est une agriculture européenne compétitive, innovante et durable », insiste l’organisation. Une tribune extraite de Terre-net Magazine n°11.

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« Des mesures efficaces sont nécessaires pour
gérer le marché, en proie à une volatilité
croissante », souligne Pekka Personen,
secrétaire général du Copa-Cogeca.
(© DR)

« Les projets de la Commission européenne pour la Pac de l’après 2013 nous inquiètent au Copa-Cogeca. Celle-ci propose en effet d’instaurer de nouvelles contraintes environnementales obligatoires pour les agriculteurs, qui conditionneraient jusqu’à 30 % des paiements directs.

D’où des charges supplémentaires pour les producteurs, menaçant la compétitivité et la viabilité économique des exploitations. Or, ceci est en totale contradiction avec l’objectif d’améliorer la rentabilité de l’agriculture européenne.

Les agriculteurs font déjà beaucoup pour l’environnement et sont disposés à faire encore davantage. Mais, ces efforts doivent aboutir à des solutions gagnant-gagnant, sources de bénéfices tant pour l’environnementl’environnement que pour la croissance. Les producteurs doivent aussi pouvoir choisir les mesures les plus adaptées à leur exploitation.

Celles destinées à promouvoir la croissance verte, prônées par le Copa-Cogeca, constituent la seule manière d’aller de l’avant. Il est absurde de demander, à tous les exploitants agricoles, de cesser de produire sur un certain pourcentage de leurs terres (jachère écologique) alors que la demande alimentaire mondiale devrait augmenter de 70 % d’ici 2050 et que la multiplication des sécheresses, des inondations et des tempêtes menace la production. De nombreux eurodéputés et ministres européens de l’Agriculture partagent cette analyse.

Maintenir les aides directes

Par ailleurs, le Copa-Cogeca est opposé au plafonnement des aides directes perçues par les agriculteurs, qui pénaliserait une fois de plus leur compétitivité. En outre, les propositions de la Commission pour la Pac de l’après 2013 vont à l’encontre de la stratégie "UE 2020" pour la croissance et l’emploi.

Les secteurs agricole et agroalimentaire européens garantissent un emploi à quelque 40 millions de personnes en zone rurale. Ils assurent également l’approvisionnement de 500 millions de consommateurs en denrées alimentaires de qualité. Toutefois, le revenu moyen des agriculteurs de l’Union européenne ne représente que la moitié de celui de l’ensemble de la population. Il est donc essentiel de maintenir les paiements directs, sinon l’agriculture ne sera plus en mesure de tenir ses engagements environnementaux envers la société.

Actuellement, beaucoup d’enfants d’agriculteurs ne souhaitent pas reprendre la ferme familiale et un certain nombre d’exploitants, plus âgés, quittent le secteur en raison de leurs difficultés économiques.
Cette situation n’est ni durable, ni admissible.

Harmonisation et flexibilité

Les aides directes du premier pilier de la Pac doivent être destinées aux agriculteurs actifs. Mais, une certaine souplesse devrait être accordée aux Etats membres pour définir les critères à retenir. La Commission va dans la bonne direction avec son système de redistribution des paiements directs. Néanmoins, les agriculteurs européens doivent être traités de manière juste et équitable, compte tenu des différences de conditions entre pays. S’éloigner des références historiques permettra une meilleure harmonisation entre Etats membres. Toutefois, ces derniers doivent disposer d’une flexibilité et d’un délai suffisants pour compenser les effets négatifs, pour les agriculteurs, du changement de système, en particulier en France.

Des mesures efficaces et flexibles sont également nécessaires pour gérer le marché, en proie à une volatilité croissante. Cependant, celles que préconise la Commission, comme l’introduction d’un fonds d’urgence, doivent être examinées en profondeur afin de savoir si elles offriront davantage de stabilité sur un marché toujours plus volatil.

Continuer notre lobbying


Un point positif, selon le Copa-Cogeca, du projet de la
Commission pour la Pac post 2013 : l’introduction de partenariats
européens pour l’innovation, visant à renforcer les liens entre
chercheurs, agriculteurs et conseillers .(© Terre-net Média)
Les agriculteurs doivent pouvoir tirer davantage de revenus des marchés. Aussi, à l’image des initiatives prises dans les filières laitière et fruits et légumes, la future Pac doit renforcer les organisations de producteurs. Or, le Copa-Cogeca s’inquiète de l’absence de proposition claire dans le domaine de la part de la Commission européenne.

Il est également crucial que les règles communautaires en matière de concurrence soient révisées pour permettre aux organisations de producteurs, telles que les coopératives, de se développer. Le Copa-Cogeca souhaite le maintien d’une Pac forte, dynamique et innovante, dotée d’un budget européen solide. Pour y parvenir, nous continuerons à faire du lobbying auprès des ministres européens, des eurodéputés et de la Commission. En dépend la rentabilité des secteurs agricole et agroalimentaire, qui contribue à la prospérité des zones rurales en Europe. »

 

« Le Copa-Cogeca, qui sommes-nous ? »

Le Copa-Cogeca regroupe, à Bruxelles, deux instances agricoles européennes : le Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles), qui représente les agriculteurs depuis 1958, et la Cogeca (Confédération générale de la coopération agricole), créée un an plus tard et qui rassemble les coopératives agricoles de l’UE. Le Copa réunit 60 organismes professionnels de l’Union européenne, dont la Fnsea, et 36 structures partenaires d’autres pays d’Europe, comme l’Islande, la Norvège, la Suisse et la Turquie.

Ses missions sont de défendre l’ensemble des producteurs de l’UE, en particulier dans le cadre de la Pac, en lien permanent avec les autorités, les organisations représentatives et les partenaires sociaux au niveau communautaire. Le Copa est également en relation avec de nombreuses organisations au-delà de l’Union européenne, qu’elles soient nationales ou internationales, à vocation agricole ou générale.

La Cogeca, elle, est composée de 35 membres effectifs, de quatre membres affiliés et de 36 membres associés. Elle représente près de 40.000 coopératives agricoles, employant quelque 660.000 personnes et réalisant un chiffre d’affaires global annuel de plus de 300 milliards d’euros. Son rôle est de promouvoir, à l’échelon européen, la coopération dans les secteurs agricole, forestier, agroalimentaire et de la pêche et d’influer sur les décisions politiques les concernant, grâce à un travail de lobbying auprès des institutions publiques de l’UE. Afin de porter les intérêts coopératifs communautaires en dehors de l’Union, la Cogeca est membre de Coopératives Europe, la région Europe de l’Alliance coopérative internationale.

 

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Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°11

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